" La farce ( du Moyen Age français) désigne un texte de théâtre correspondant par sa longueur, et corollairement, par le nombre de personnages ( moins de dix le plus souvent) aux possibilités d'une troupe ordinaire. La farce était partout , au village, à l'université et à la cour... Elle faisait partie de la vie quotidienne. Le théâtre populaire est le théâtre des farces: lui seul appartient aux couches inférieures de la population, si constamment absentes de l'histoire."( Jean Dufournet, préface au livre de Michel Rousse, La scène et les tréteaux - Le théâtre de farce au Moyen Age). )
"...pour certaines farces nous sommes tous dans une espèce d'angoisse magnifique... on est tous humiliés. Le théâtre est basé sur l'injustice, le scandale de l'injustice et de l'humiliation. Je crois que la farce, ça nous console et ça nous venge du dehors... Et puis, si le jeu de l'acteur fait place au surgi, le rire du spectateur surgi aussi, le rire ne passe pas par un second degré, il vient directement du ventre en complicité avec l'acteur. La farce est cet endroit magnifique où enfin on se rassemble dans la rage de la vengeance joyeuse de l'humiliation . Alors quand j'étends parler d'art mineur, ça me fait rire... au théâtre, rien n'est mineur, dans le registre de l'émotion il n'y a pas d'émotion mineur..." (Jean Louis Hourdin, Études théâtrales - La farce, un genre médiéval pour aujourd'hui, ).
Ordonnance de police, Tournai 1550 à l'occasion d'un spectacle:
" Qu'aucune personne quelle qu'elle soit, ne se permette de crier , huer, ni jeter de quelque manière que ce soit après les joueurs, de même quand ils feront les dits jeux, sous peine d'amende... Que personne ne se permette de lâcher ses eaux sur les estrades, ni sur les bonnes gens qui seront assis dessous, sous peine de... Que personne ne se permette de se battre ou se quereller pendant les dits jeux, sous peine... Que personne de quelque sexe que ce soit ne se permette de monter sur l'estrade des joueurs ou dans leurs chambres (les loges) sans être requis par lesdits joueurs, sous peine de..."
Commedia dell'arte :
"En ce qui concerne la commedia dell'arte et la manière dont on peut la lire, il ne suffit pas de s'en tenir aux manuels habituels : il faut se lancer dans une véritable recherche pour déchiffrer les canevas qui sont innombrables, les comparer et, pour l'interprétation souvent mystérieuse des lazzi, les confronter avec les procédés comique du théâtre prétendument mineur : les farces populaires du XIXième siècle , l'avant spettacolo, le jeu des clowns et les films comiques muets. C'est là qu'on retrouve les matériaux de la commedia dell'arte." (Dario Fo, Le gai savoir de l'acteur).
Pasos :
"Dans le style ancien, ce mot signifiait simulacre, épisode. Ce peut être une action, un fait pari d'autres faits. Je n'ai voulu le traduire ni par scène ni par intermède, ni par farce, qui serait impropre; encore moins par le mot saynète, que nous ne sommes pas habitués à interpréter exactement. Saynète dans son sens vrai est un ingrédient destiné à exciter ou a réveiller l'appétit; un condiment. *C'est au figuré un morceau délicat, d'une saveur agréable et, à la scène, on le réservait pour rasséréner les esprits irrités ou assombris par les péripéties du drame. Paso, plus rextuellement, est un passage de la vie humaine. (Germond de Lavigne, La comédie espagnol de Lope de Vega 1883).
* Emprunté à l'espagnol sainete. 1385: au sens de « petit morceau de nourriture donné en récompense à un faucon de chasse » , puis « toute bouchée agréable au goût », puis « toute chose plaisante », et enfin « pièce bouffonne en un acte qu'on donnait avant le deuxième acte d'une comédie ».Échafaud (tréteau composé de planches de bois posées sur des tonneaux servant de scène au Moyen Age) : "L'échafaud et le tréteau sont des éléments essentiels (du théâtre de farces) : Le tréteau en bois n'est pas celui en contre-plaqué, car ce dernier constitue un décor et n'est pas un outil. Il devient la reconstitution illusoire, fausse, d'un tréteau en bois. Il manque la matière et c'est pourquoi la reconstitution devient illusion. Le bois possède une résonance et la sensualité de la matière et l'on ne joue pas pareil... Il en est de même pour l'échafaud. Entre 80 cm et 2m de haut , la vision est différente. L'acteur se retrouve dans un surplomb incroyable qui change le rapport à à l'autorité théâtrale et sont jeu est installée dans une temporalité définie. On ne peut répéter et élaborer ce rapport dans d'autres conditions... Ce que je n'aime pas dans la mythologie de la farce, c'est son caractère réconciliateur alors que pour moi la farce est "inquiétatrice". Elle n'émarge pas à une lecture idyllique et l'acteur qui la porte es acteur de cette dissonance... Par exemple,si on s'interroge sur le bâton et la bastonnade, on peut la prendre comme une sorte de jeu bon enfant - type Guignol. Mais si on se saisit du bâton, il devient une arme. On va se taper dessus. Il faut faire sentir l'arme comme en étant une..." (Christian Schiaretti, metteur en scène)
"Sous le comique, le burlesque ou le grivois voire l'obscène, la farce est extrêmement violente. La farce a à voir avec les plaies, la fréquentation de nos plaies."
(Chrisian Schiaretti, metteur en scène).