Agueda
Mon mari, tu ne sais pas à quoi j’ai pensé ? que le drageon d’olivier que tu as planté aujourd’hui nous rapportera quatre ou cinq fanègues d’olives d’ici six ou sept ans. Et qu’en en plantant ici et là, dans vingt-cinq ou trente ans nous aurons une véritable oliveraie.
Toruvio
Exact, femme, elle sera vraiment superbe.
Agueda
Ecoute, tu sais à quoi j’ai pensé ? je cueillerai les olives, tu les transporteras sur le petit âne et Menciguela les vendra au marché. Et attention, petite, je te demande de vendre le célémin à pas moins de deux réaux castillans.
Toruvio
Comment, à deux réaux castillans ? tu ne vois pas que c’est malhonnête … L’officier nous mettra à l’amende chaque jour, demander quatorze ou quinze sous par célémin, c’est assez.
Agueda
Tais-toi, homme, c’est une variété de Cordoue !
Toruvio
Bien que ce soit une variété de Cordoue, il suffit de demander le prix que j’ai dit.
Agueda
Ah, ne me prends pas la tête ! Ecoute, petite, je te demande de les vendre à pas moins de deux réaux le célémin.
Toruvio
Comment à deux réaux castillans ! Viens ici gamine : combien tu les vends ?
Menciguela
Comme vous voudrez.
Toruvio
A quatorze ou quinze sous.
Menciguela
C’est ce que je ferai, père.
Agueda
Comment ça « c’est ce que je ferai, père ? » Viens ici, petite, combien tu les vends ?
Menciguela
Comme vous l’ordonnerez, mère.
Agueda
Deux réaux castillans !
Toruvio
Comment deux réaux castillans ? Si tu ne fais pas ce que je te dis je te promets deux cents coups de martinet ! Combien tu les vends ?
Menciguela
Comme vous dites, père.
Toruvio
A quatorze ou quinze sous.
Menciguela
C’est ce que je ferai, père.
Agueda
Comment « c’est ce que je ferai père ? » prends ça et ça ! tu feras ce que je demande !
Toruvio
Laisse-la !