Les Invisibles

06/01/12 Les invisibles

 

Les Invisibles sont visibles, sur la scène du Granit. Trop rares moments où le théâtre va chercher dans la réalité sociale la matière de sa dramaturgie. Les chibanis (ouvriers immigrés arabes esseulés vivant en France avec une retraite misérable) sont tels qu’ils sont, ou plutôt tels que les comédiens s’efforcent de les représenter et, au fond, tels qu’on se les imagine. Ironiques, perdus, résignés, pathétiques, mélancoliques, tendres… Ils se racontent, racontent leur vie, racontent leur purgatoire entre deux mondes auxquels ils n’appartiennent plus ou pas. C’est sobre, drôle, triste aussi.  Pour « justifier la langue française », l’auteur a introduit un personnage, agent immobilier, dont l'histoire s’impose au centre du processus dramatique affaiblissant du coup la dynamique propre au destin des chibanis. Ce que le matériau brut contenait de tragique est brouillé par une histoire assez convenue (l’identité du père inconnu). Le conflit entre la langue maternelle et celle de l’exil aurait pu constituer le point d’incandescence poétique du drame de ces ouvriers marginalisés. Il n'en est rien, dommage.

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