Un théâtre populaire

Le théâtre populaire existe. Il faut aller le chercher au fond des vallées. La pièce est en alsacien. Une langue dont l’Etat français finira par avoir la peau. Les langues n’appartiennent à personne. A l’heure du chômage de masse, du déficit public et de la désindustrialisation, qui se soucie des langues en voie de perdition ? Les candidats à la présidentielle s’en foutent. La non assistance à langue en danger est une forme de crime contre l’humanité. Il n’y a pas de langue dite « régionale ». Tout est question d’échelle. A côté du chinois, le français est un patois « municipal ». Le français est une langue minoritaire. En défendant les langues minoritaires, on défendra le français. A Sewen, cul de sac de la vallée de Masevaux (c’est au fond des choses qu’on déniche des pépites), il y a une salle des fêtes. Deux cents à trois cents spectateurs s’y pressent pour une dizaine de représentations en langue alsacienne. Aucune revendication identitaire. D’abord le plaisir de la langue et du théâtre. C’est déjà beaucoup par les temps qui courent. La pièce, le Ravissement d’Adèle de Remi de Vos, est traduite du français par Armand Laurent. Il n’y a pas de traduction simultanée mais on comprend. La gestuelle, le rythme, les intonations et les réactions des spectateurs y contribuent. Les plus jeunes des comédiens qui ne pratiquent pas l’alsacien dans la vie quotidienne l’ont appris pour l’occasion. Un signe. Quand on ne parlera plus qu’un sabir d’anglo américain et de chinois, il n’y aura plus de théâtre. Heureusement, on a du temps devant nous.

Hoppla.

 

 

theatre alsacien 

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