La Maison de quartier des Glacis, aux côtés des partenaires locaux, participe en 2019 à un projet sur la thématique de l'égalité femmes/hommes. Dans ce cadre, en collaboration avec le Théâtre du Royaume d'Evette, elle a mis en place un atelier théâtre dont l'objectif est de présenter un spectacle et d’aborder la thématique avec le public. Les répétitions ont commencé en mars 2019. En amont de celles-ci, des rencontres ont eu lieu autour de l'exposition "Bien dans son genre". Elles ont concerné divers groupes de femmes et d'hommes (adhérents de la Maison de Quartier, salariés de la Régie des quartiers, groupe Femmes Relais...). Lors de ces rencontres, des témoignages, des points de vue, des questionnements ont été recueillis par Denis Rudler qui écrira le texte de la pièce auquel s'ajouteront les contributions écrites des comédiens et des comédiennes.
Faites-gaffe les hommes, faites gaffe !
Tous les êtres naissent libre et égaux.
Alors, à partir de quand ça s’est gâté ?
C’est la faute à qui toutes ces disparités ?
Parce qu’il nous manque un bout ou qu’ils sont plus costauds ?
Ma mère attendait un garçon,
Donc elle m’a donné son prénom.
A Noël, je ne voulais pas de poupée,
Rien que des livres, des contes pour m’évader.
Il arrivait toujours un Prince Charmant :
« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».
Pour les nantis, ça avait l’air plaisant,
Sûrement pas la vie de ma pauvre maman.
Longtemps, j’ai joué aux billes et au ballon,
Y avait pas d’problèmes de filles ni de garçons.
Puis arrivèrent les règles, on s’en s’rait bien passé.
Les parents changent la règle : finie la liberté.
Depuis toujours, j’entends qu’un « chaud lapin »
Se transforme en « salope » au féminin,
Les champions du harcèlement, pour nous assouvir,
Dénonçons-les pour ne plus le subir.
Faites-gaffe les hommes, faites gaffe !
Quand on pourra se rebiffer,
Finis les viols, les tabassées.
Et quand on saura toutes bricoler,
On n’aura plus besoin de vous marier.
Nous n’sommes pas chiantes mais différentes.
Nous n’sommes pas adversaires mais complémentaires.
Mais qu’on sache bien que le masculin
Ne l’emporte pas sur le féminin.
Et tous ces noms de métiers
Qu’ils vont nous féminiser,
C’est juste pour nous calmer,
Pour qu’on n’aille pas manifester.
Ce qu’on veut, c’n’est pas votre place,
C’est seulement se faire une place
A côté de vous : parce qu’avec vous,
On ne veut qu’il n’y ait que d’l’amour.
Michèle
Passe-temps…
A Denis, pourrais-tu chercher Antonin dans son lit ?
B Je n’ai pas le temps. Tu n’as qu’à le faire.
A Je suis occupé et toi, tu es installé tranquillement sur le canapé. Tu en as pour cinq minutes.
B J’ai travaillé moi, je suis fatigué.
A Moi aussi j’ai travaillé.
B J’en fais plus que toi.
A Oui, en effet, tu vas travailler et, après ton travail, tu te mets à chaque fois devant la télé.
B Normal, j’ai besoin de me reposer.
A Ah oui ! Moi, je n’ai pas le droit de me reposer et d’avoir cinq minutes !
B Tu n’as que ça à faire. De quoi tu te plains ? Tu n’es pas fatigué comme moi.
A Entretenir la maison, faire à manger, s’occuper des cinq enfants, les amener chez le médecin quand ils doivent y aller et travailler, c’est vrai que j’en fais moins que toi !
B Tu es leur mère, c’est normal.
A C’est fini les années 60, on est au présent.
B Moi, je suis un homme. C’est normal. De toute façon, tu les as voulus tes enfants, tu les assumes.
A Ah oui, pas toi ?
B Si bien sûr, mais moi, je suis là pour les corriger quand ça ne va pas. Et on doit m’obéir.
Nadège.
Bébés dans un parc à la crèche
A Hé, toi, le nouveau ! T’es quoi au juste avec ta grenouillère de couleur bizarre ?
B Ben… je suis un bébé.
A Bébé garçon ou bébé fille ?
B Comment savoir ?
A T’as un doudou de quelle couleur ?
B Mais… je connais pas les couleurs.
A Ils ont mis quoi dans ton berceau ? Une poupée ? Un ours en peluche ?
B Non, j’ai un trousseau de clés, une girafe…
A Ça, ça n’veut rien dire.
B Mais pourquoi tu veux savoir ? Ça change quoi ?
A On veut savoir à qui on a affaire. Les filles, ça crie, ça chiale… Les garçons, ça mord, c’est plus fort.
B Le mieux, c’est qu’on me laisse tranquille ?!
A Quand ils te changent, tu fais pipi en l’air ?
B Je ne sais pas, mais j’aime bien ça.
A En tout cas, il va falloir choisir ton camp.
B Moi, je veux juste jouer en attendant maman. Toi, t’es quoi ?
A Eh, tu le vois pas ? J’suis un gars. J’ai bien l’impression que t’es une gonzesse… T’as pas intérêt à accaparer le personnel. Les câlins de ces jeunes dames, c’est d’abord pour nous !
Michèle.